Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 15 avril 2014
Gens du voyage

Gens du voyage et chefs d'entreprise manifestent ensemble pour réclamer la création d'aires d'accueil

C’est sans nul doute une première en France : une manisfestation commune entre gens du voyage et chefs d’entreprises et leurs salariés pour réclamer d’une même voix la construction d’aires d’accueil. C’est à Saint-Herblain, dans l’agglomération nantaise, que la manifestation s’est déroulée vendredi dernier, associant des représentants de gens du voyage et une centaine de salariés et chefs d'entreprise, gênés par le stationnement de dizaines de caravanes sur les parkings de leur zone d’activité. Située au nord de Nantes, cette zone d’activité rassemble 35 entreprises et quelque 3 500 salariés.
Les manifestants réclamaient des pouvoirs publics l'application de la loi Besson du 5 juillet 2000, à savoir la création d'un nombre suffisant de places en aires d'accueil pour les gens du voyage travaillant et scolarisant leurs enfants sur l'agglomération. Après avoir bloqué pendant un peu plus d'une heure la circulation sur une voie de la zone d'activité de Saint-Herblain, les organisateurs ont annoncé la tenue rapide d'une table ronde pour trouver une solution.
« Ce n'est pas contre les gens du voyage, le débat c'est de faire prendre conscience à la collectivité que sur le plan économique on a une situation difficile à gérer. Le fait que les parkings ne soient plus accessibles pour les salariés, mais aussi les clients, les fournisseurs, crée une gêne », a expliqué Christian Dufour, vice-président de l'association des entreprises du parc d'Ar Mor. « Il faut qu'on trouve une solution pour que les gens du voyage puissent être accueillis dans de meilleures conditions, un parking public ce n'est pas la solution idéale », a-t-il ajouté. « Je ne sens pas trop de haine, aujourd'hui, parce qu'on a pris le temps de discuter, de se connaître : c'est un bel effort des citoyens, quels qu'ils soient, voyageurs ou sédentaires... », s'est réjoui de son côté Christophe Sauvé, président de l'Association départementale des gens du voyage citoyens.
« Le fait que l’ensemble des publics concernés portent collectivement une demande plutôt que de s’affronter est relativement innovant. Il s’agit d’une démarche plutôt positive », estime Patrick Lapouze, directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique qui s’est déplacé vendredi à la rencontre des manifestants. Si le représentant de la préfecture s’est ainsi déplacé, c’est pour faire passer un message. « Avec l’arrivée de nouvelles équipes municipales, la période est assez propice pour que l’ensemble des maires de l’agglomération nantaise se saisissent du sujet afin d’élaborer un plan d’action pour se mettre à niveau de leurs obligations par rapport au schéma départemental d’accueil des gens du voyage », explique-t-il à Maire info. La Loire-Atlantique ne fait pas figure pourtant de mauvais élève en la matière, le taux de réalisation des aires d’accueil étant de 66 %, largement au dessus de la moyenne nationale. Sur les 857 places prévues par le schéma, 569 sont déjà disponibles dans le département. Mais sur les 288 places manquantes, environ 200 le sont dans l’agglomération nantaise.
Si les gens du voyage se sont rabattus une nouvelle fois sur la zone d'activité de Saint-Herblain, c’est qu’ils recherchaient à la fois un terrain en dur à la suite d’un hiver particulièrement pluvieux mais aussi parce que de plus en plus d’espaces publics ont été sécurisés à la demande des riverains. « Les élus nantais ne sont pas particulièrement fautifs, reconnaît le représentant de la préfecture. Ils ont fait des efforts mais leur engagement dans la construction d’aires d’accueil a souvent débouché sur de très gros contentieux de la part des riverains ».
C.N. (avec Afp)

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